La
pierre d'angle
"Beaucoup considèrent la BIBLE comme la source assurée du sens que l'on peut donner à l'existence humaine; livre inépuisable et
mystérieux: écrit dans sa diversité tout au long de dix siècles et puisant son inspiration dans des temps bien plus anciens encore, elle honore l'humanité en ouvrant à jamais son espérance au-delà de l'animalité. Point de convergence d'une immense mémoire, celle d'un peuple enraciné de toutes parts dans tes: civilisations qui l'entourent et où il puise à la foi~ son identité et sa : mystérieuse différence. Et pour le chrétien, Jésus et
l'Église, inséparables de
:
cette prodigieuse lame de fonds humanisante, en sont à la fois l'ultime, et pourtant dynamique, révélation. La Bible est un livre ouvert, à tous les sens du terme, parce qu'il se propose à la rude et féconde empoignade d'une
lecture qui n'est jamais facile, et parce que ses pages ne cessent de se ré-
;
écrire au rythme de l'histoire humaine. Elles s'écrivent en étant relue dans
la croissance spirituelle de l'homme qui entend toujours son. message comme une nouveauté, comme un avenir. Et c'est là sans doute l'essence même du prophétisme qui est la composante majeure de cette parole, à ce titre oh combien inspirée.
Voilà pourquoi la parabole des vignerons homicides, à la fois récapitule et, relit toute l'histoire d'Israël; et comme il est de sa mission Israël joue sur la
-
scène de l'humanité notre aventure commune, et plus particulièrement pour
nous l'aventure de l'Église. Dévoiler le péché d'Israël, aujourd'hui comme hier, c'est dévoiler notre propre péché. Ce que Jésus faisait hier, il continue de le faire aujourd'hui sinon quelle conversion serait encore possible? Voilà
pourquoi, sans doute, on en a tant
voulu à Jésus1
et tant
voulu à
Israël, et
tant voulu à l'Église. La lucidité des prophètes ne plaît à personne,. et
aujourd'hui moins que jamais où règne partout, même parfois dans l'Église, la langue de bois, les faux-semblants. Oui, la parabole concerne, à travers Israël, tous les hommes, il n'y a qu'à voir...
Pourtant, l'amour est à la source. Il "en fait", ce propriétaire que tant d'épisodes bibliques ne cessent de nous désigner comme étant Dieu lui- même!... Dieu, mystérieux amour omniprésent dont Jésus, enfin, nous montrera le visage, le plus
à
découvert possible, après de si nombreuses et mystérieuses visites; Jean-Baptiste l'avait bien compris qui le montra du doigt comme étant cet agneau de Dieu pouvant seul guérir le monde de sa violence en la laissant le traverser de part en part pour être vaincue au. matin de Résurrection. Mais avant d'envoyer cet ultime prophète, oui, il "en
fait" ce maître!... ce maître du domaine qui
tout
au long de l'histoire
humaine, plante sa vigne Israël, la protège d'une clôture, creuse
un pressoir,
une tour
de garde. Et le plus beau: il la laisse libre, il se retire dans ce
mystérieux voyage d'un Dieu absent car il n'y a pas d~amour sans absence, sans distance, sans désir.
Mais comme
toujours,
aujourd'hui comme hier, le pire mal vient de
l'intérieur, et fossés, clôtures et tour ne servent à rien. La vie de l'Église n'est jamais autant fragile que quand elle est sur la défensive. Arrêtons de dire -que le monde moderne est hostile à la foi, qu'il est hostile à l'Église, que tous les problèmes, les crises, les affaiblissements" c'est de sa faute. Toute la parole biblique ne cessera de le proclamer, et Jésus lui-même
rappellera que ce qui menace
l'homme ne
vient pas de l'extérieur mais
monte de son cœur. Et Paul le répètera en énumérant ces redoutables meurtriers de la vigne que sont "égoïsme, débauché, immoralité, haine, adorations des
faux-dieux..." Galates 5/19-29. Arrêtons de massacrer les serviteurs envoyés par le maître de la vigne, arrêtons d'assassiner les prophètes, arrêtons de faire périr une fois encore le Fils, pensant avoir
l'héritage.
Sauver la vigne, la posséder pour de bon, posséder le Royaume,
c'est faire le choix de l'accueil et de la fidélité à cette pierre angulaire que si
souvent nous rejetons, pensant bâtir notre vie sans elle.
Soyons
ces
vignerons, ce peuple, cet Israël, cette Église, renonçant enfin à tuer le Fils et le reconnaissant comme "l'œuvre du Seigneur,
merveille à nos yeux".
Nous deviendrons alors les joyeux et légitimes possesseurs
d'une
vigne que
nous ne recevrons qu'à ce prix.
Le Projet Missionnaire Diocésain invite à cette conversion, à cette espérance. Il nous invite à connaître le monde et notre histoire, aujourd'hui, non pas pour en avoir peur ou le condamner, mais pour l'aimer et mieux le rejoindre. Il nous invite à saisir à bras-le-corps cette pierre angulaire grâce à laquelle se continuera le mystère d'Israël, le mystère de l'Église, signe au milieu des hommes
d'une
espérance nouvelle, porteuse
d'un
message
capable de faire avancer l'humanité vers la paix, la justice, la réconciliation, la miséricorde, l'amour, la vie, vers le Dieu de notre Foi, vers toutes ces richesses déjà données jadis dans un lointain mais éternel Décalogue et révélées pour nous en Jésus Christ dans les Béatitudes qui sont promesses de Résurrection.".
Père BLONDEAU.
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