Du souffle.
"L'Esprit-Saint
est une voix qui parle à notre cœur.
Mais nous
n'entendons rien!
Il Y a trop de bruit dans
notre "intérieur", Mille préoccupations, matérielles, affectives.
Fêter Pentecôte c' est essayer de se
désencombrer
intérieurement. Faire silence en nous. Arrêter le film qui défile dans notre
tête. Prendre
du
temps. Perdre du temps. Que faisons-nous d'ailleurs de ce temps que nous
sommes si
fiers
d'avoir gagné
?.. Mais quand le silence se fait, où donc nous
parle Dieu?
Où
l'Esprit
fait-il entendre
sa voix si
discrète? Au cœur de nos
désirs. Pas ailleurs qu'en nous-mêmes. Là où nous aimons, où
nous
cherchons,
où nous attendons, où nous
espérons, où nous redoutons... C'est
à
11ntérieur
de ce que nous
vivons que parle l'Esprit pour y souffler de la nouveauté, de 11nattendu,
Voilà
pourquoi, sans doute, l'Écriture, dans les Actes, en parle
comme
d'un
vent violent.
Notre
désir est le moteur permanent et profond de notre existence. L'homme est un
être
de désir. C'est
le temps
du désir, disait le
jésuite Denis Vasse dans
un livre qui garde son actualité.
Le
vent, ça chasse les brumes
et la
poussière,
le paysage soudain devient plus clair; tes faux-semblants tombent. On voit mieux
la
route.
C'est
comme un feu qui nettoie les broussailles. Ce peut
être
douloureux de perdre ses illusions, mais les illusions ne mènent nulle
part,
sinon souvent
à la
catastrophe.
L'Esprit
nous
fait
'parler un langage nouveau, d'autres langues, dit l'Écriture, toujours cette nouveauté soudain qui
fait
que
l'on regarde sa vie d'un Œil nouveau.
Prendre du
recul, pour mieux avancer. Oui, le vent peut souffler si fort qu11 nous détourne d'un chemin que nous
avions pris dans la brume, sans même savoir qu11 se terminait dans un gouffre
mortel, pour nous transporter sur une autre
route.
On pourrait appeler
cet
heureux "détournement" la conversion.
L'Esprit au cœur
de nos
désirs, c'est Jésus qui
nous
devient enfin
intérieur. Quand on
connaît
et que l'on aime vraiment, n'aspire-t-on pas à cette habitation par l'être aimé? Vouloir comme
il veut, vouloir de sa volonté. Père,
que ta volonté soit
faite et non la mienne dira
Jésus
au temps
de son agonie, ce rude
combat
qui le dépouille
de tout
sous la tempête
de l'Esprit. Désirer
comme tu désires et non
cesser
de désirer. Le chrétien n'est
pas un
être atone, arrêté, pétrifié.
Je cours du bon
combat, dira saint Paul.
Oui, désirer vivre, aimer la vie, laisser se libérer en moi
cette force immense capable de transporter les montagnes, force du désir,
force de l'amour.
Car
l'Esprit est Esprit d'amour, Sous l'effet
de ce vent violent,
nous
passons du statut
de la 10i
qui corsète notre désir
au
statut de l'amour qui est celui de La liberté. Aime et
fais ce que tu veux, s'écriera saint Augustin. Si l'on aime selon l'Esprit de Jésus!
alors
les pas de notre liberté nous feront courir, passionnément, vers ces
rencontres généreuses qui exaltent notre vie. les amoureux n'ont pas besoin de mots pour comprendre cela. Par l'Esprit désormais, nos désirs sont portés par l'amour qui est le lien de
la Trinité. Et si toute loi est faite pour grandir elle s'accomplit parfaitement seulement quand c'est au nom de l'amour qu'elle est mise en œuvre.
Le signe éminent de cette habitation par l'Esprit, c'est la joie. On ne peut pas s'y tromper. les fausses routes, sans souffle, sans feu, sans
lumière, sont tristes, et les éventuels plaisirs que l'on y prend ont toujours un arrière-goût de cendre, de vide. Paul, qui s'y connaît, lui qui a vécu une véritable révolution dans ses désirs, ardent persécuteur devenu ardent apôtre, peut énumérer les fruits de l'Esprit: "amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, humilité et maîtrise de soi". Et il peut ajouter en vérité: "face à tout cela il n'y a plus de loi qui tienne", (Épître aux Galates,S).
Être chrétien, ce n'est pas s'arrêter de vivre comme pourrait parfois le laisser penser certains comportements qui se disent de piété: c'est tout au contraire vivre plus, vivre davantage. Paul dira encore: "puisque l'Esprit nous fait vivre, laissons-nous conduire par l'Esprit". Jésus dit l'Évangile, donne du souffle à ses amis, son souffle, celui de la vie, de la liberté, de la mobilité. Oui, l'Esprit-Saint, au cœur de nos désirs, est à l'œuvre dans tous les évènements de notre vie.
Il est force dans les épreuves, les tristesses, les deuils. Il est audace pour sortir de soi et aller à la rencontre des autres, pour les aimer, et nous grandir en les faisant grandir. Il est courage au cœur du témoignage de la foi, sans crainte de parler, et surtout de parler par nos actes, des actes toujours plus traversés par l'amour libérateur de Jésus-Christ. Comme le disait Jean-Paul II : "Allez! Prenez le large avec courage, toutes voiles dehors, poussés par le souffle de l'Esprit. Vous serez ainsi heureux de tout ce que le Seigneur accomplira à travers
vous"
Père BLONDEAU.
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