Le dogme de l'Immaculée
Conception.
"Que cache cette insolite formule appliquée
à la mère de Jésus et dont on fête le 150ème anniversaire de
sa proclamation comme dogme c'est-à-dire comme expression élaborée
par l'Église d'un aspect de la foi reposant sur la Révélation?
Formulation, celle-là et les autres, qui ont souvent mauvaise réputation.
L'adjectif "dogmatique" n'est pas flatteur, il évoque
la contrainte, voir l'intolérance et le déni de raison, la
rigidité de la pensée et très vite les comportements découlant
d'une telle pensée dogmatique a vite fait de rimer avec
fanatisme, idéologie, système clos, quand ce n'est répression
et inquisition.
En fait dans l'histoire de la théologie, le mot dogme
(transcription du mot grec dogma) veut dit décret, maxime, mais
aussi opinion. C'est au XVlII ème siècle que le sens s'est
restreint et renvoie aux énoncés, définis de manière plus ou
moins solennelle, de telle ou telle vérité que l'on est tenu de
croire, de tenir pour vrai. Et c'est là, pour en revenir à
Marie, puisque c'est d'eUe que nous parlons, qu'il faut toujours
se souvenir que dans le christianisme la vérité n'est pas une
formule mais quelqu'un, Dieu lui-même qui vient à nous en la
personne de Jésus, La vérité, c'est Jésus. "Je suis la vérité".
Du coup, la dogmatique mariale renvoie à la dogmatique
christique, laquelle renvoie à Jésus lui-même tel que l'Écriture
nous le fait connaître, Écriture dont le cœur est l'Évangile
et dont l'enracinement est à la fois dans le passé, la longue
histoire du Peuple d'Israël, dans le futur, ces 20 siècles qui
se sont déployés à partir de l'événement pascal, c'est-à-dire
la vie, la mort et la résurrection de Jésus, et que nous
appelons la Tradition Apostolique, la longue histoire de ces 20 siècles'
d'Église vivante, enfin enracinement dans le présent,
l'aujourd'hui de ma foi qui est réponse de toujours au monde
d'aujourd'hui, réponse dans mon existence convertie, seul lieu où
se confirme toute vérité.
C'est dans l'Évangile, ce que vit de cet Évangile la Communauté
croyante que l'on appelle l'Église, ce qu'elle vit selon la
parole même de l'Écriture avec la lumière et l'assistance de
celui que Jésus nomme le Défenseur, le Paraclet; et que nous
appelons l'Esprit Saint; oui c'est là que nous devons d'abord et
avant tout chercher cette lumière sur le mystère de Marie.
Autrement dit, tout dogme chrétien a à voir avec la foi chrétienne,
Or la foi est l'acte libre par excellence, comme l'amour qui en
est la source, qui en est l'élan, je t'aime et je crois en toi,.
Et c'est la foi en Jésus Christ qui nous donne Marie. Là où
nous rencontrons Jésus, dans cette Écriture que nous donne une
Église enracinée dans je fulgurant témoignage de ce qui s'est
passé au matin de Pâque, là nous rencontrons Marie. Et nous la
rencontrons alors comme la petite juive pieuse, promise à Joseph,
comme il convient à toute femme juive d'être promise à un homme
et qui, sans ces hésitations ou même ces reculades qui signent
le trouble des âmes les plus saintes, répond au dessein d'un
Dieu toujours bouleversant à chaque page biblique, jusqu'aux plus
anciennes: "QU'IL ME SOIT FAIT SELON TA VOLONTÉ". Nous
rencontrons la mère qui, dans sa confiance à son époux Joseph,
ne cesse de protéger l'Enfant de Noël, celle qui, lorsque
l'adolescent fugueur de Jérusalem trouble son cœur, conserve
dans ce même cœur la mémoire des signes de Dieu. Nous la
revoyons encore à Cana où elle prononce sans hésiter, en
semblant précéder les intentions de son fils qu'elle provoque,
les paroles qui sont celles-là même du croyant parfait:
"FAITES TOUT CE QU'IL VOUS DIRA". Et c'est cette vieille
maman que l'Écriture montre encore, dans une bouleversante mise
en scène, comme recevant en Jean la capacité d'être mère des
frères innombrables que la mort de ce Fils unique est en train
d'engendrer dans le sang. C'est elle enfin qui, au Cénacle, verra
avec les Douze sauter les verrous de la peur et de l'enfermement
sectaire sous le souffle d'un Esprit donné pour pousser le
message aux quatre coins de l'univers et jusqu'au bout de
l'histoire. Comment, alors, si la foi et l'amour nous jettent dans
les bras du Ressuscité vainqueur de la mort, peu à peu reconnu
comme "FILS DE DIEU FAIT HOMME", comment ne pas reconnaître
dans le même élan, chez cette femme qui est sa mère, cet être
humain parfait qui nous est si semblable mais qui anticipe en son
être le plus profond cette joyeuse sainteté vers laquelle nous
sommes en marche. Comment ne pas l'admirer ? Comment ne pas
l'aimer... comme une Mère!.
Père Jean-Baptiste BLONDEAU Délégué Diocésain à l'Oecuménisme.
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