L
'Epiphanie.
"Quel drôle
de mot! Que signifie-t -il ? Une vraie question rouge pour le
jeu des mille euros! Voici la
réponse, en cas:
cela
vient d'un mot
grec, épiphaneia, qui veut dire
manifestation. Pas celle
des étudiants
en colère: des chômeurs en fin de droit ou des victimes des
délocalisations, la
manifestation
de Dieu aux hommes, et plus
précisément son irruption dans le monde en un temps historique; en la
personne de Jésus de
Nazareth.
Curieusement le mot dans notre Occident chrétien, a été associé à des Rois!
l'Épiphanie , c'est la fête des Rois, galette et fève à l'appui; nous voilà bien loin de l'irruption du divin! De rois, dans l'Écriture, aucune trace! Décidément il faut soulever bien des oripeaux pour découvrir enfin la perle qu11s dissimulent. Ce dont parle l'Écriture, l'Évangile de Mathieu, c'est des mages, et 'on ne dit d'ailleurs combien ils étaient. Ils viennent d'Orient. Encore un mot grec: magos, et il
a
des significations diverses, il peut désigner des prêtres perses, aujourd'hui on dirait iraniens, ou des magiciens, ou des propagandistes religieux et même des charlatans. Ici, ce pourrait être des astrologues venus de Mésopotamie, le pays entre le Tigre et l'Euphrate, Iran, Irak, pays qui aujourd'hui ne nous disent rien de bon, et au temps de Jésus guère mieux, terres lointaines, terres païennes,' que peut-il en arriver de bien? Quant à l'astrologie, 'cette façon de guider sa vie et d'envisager l'avenir en se fiant au mouvement des étoiles et des planètes, les journaux en sont remplis, particulièrement en début d'année. Et qui s'y fie vraiment? Les mages de l'Évangile, eux, ils marchent à l'étoile...
Mais enfin que veut dire tout cela qui soit sérieux pour notre foi? Que célébrons-nous en définitive en ce jour de l'Épiphanie? Plus que jamais, loin de ce fondamentalisme que le pape Benoît XVI vient une fois encore de désigner comme un des plus grands dangers de l'authenticité de notre vie chrétienne, il faut en lisant l'Écriture voir ce qu'elle veut nous dire en nous disant ce qu/elle dit comme elle le dit, et la tradition de l'Église et sa liturgie nous y aident. l'Épiphanie nous dit que la joie de Noël ne doit pas rester enfermée entre les quatre murs de nos églises, fussent de vastes cathédrales capables d'accueillir les foules pour la messe de minuit. Elle nous dit aussi, d'ailleurs, que ces
foules
occasionnelles
et qui ont l'air tout étonnée de se retrouver là
une fois par an , sont aussi bienvenues que les fidèles de tous les dimanches ou de tous les jours, ces mages n'étaient pas non plus des familiers du peuple d'Israël, et pourtant leur activité un peu louche, en tout cas pas très orthodoxe, a pu les conduire à cette rencontre imprévue. Le tout c'est que
la rencontre fasse choc, qu'elle vous rende soudain généreux, et peut-être avant tout qu'eUe vous pousse à repartir dans la vie, désormais, par une autre route. La Bible
est pleine de ces bonnes issues de mauvais chemins.
Ce qui est dit, au fond, c'est que l'important c'est
de sortir
de chez soi, ce chez soi qui est enfermement dans nos routines et 'nos habitudes, même religieuses, qui font que l'on ne voit plus rien à force de l'avoir toujours sous les yeux. L'important c'es de marcher vers la lumière, de quitter les ténèbres si l'on ne veut pas que notre vie devienne absurde. Et la grande lumière qui s'est levée à Noël est capable d'éclairer" d'attirer, n'importe qui, si loin soit-il, si étranger soit-il, et il semblerait même que cette lumière vue de loin, comme une irruption soudaine dans le noir, soit plus attirante, plus stimulante pour mettre en marche, plus convaincante pour ré-orienter les marcheurs à l'étoile.
La lumière dont il s'agit dans l'Évangile n'est ni un feu d'artifice spectaculaire, ni un projecteur aveuglant, c'est la lumière discrète
qui
émane d'un petit enfant couché dans une crèche, la lumière discrète, aujourd'hui, d'un Évangile aux allures modestes, rien à voir avec les idéologies et les programmes aussi clinquants que mensongers, non, une parole humble, accessible à tout "homme de bonne volonté" à qui elle peut apporter la paix et l'espérance, une parole qu'il faut simplement lire et relire avec confiance, avec un cœur d'enfant dira même Jésus. Alors, à condition de brûler notre vie à son feu, elle se dira de plus en plus à nous comme une source jaillissante en vie éternelle, celle
recherchait la Samaritaine, une autre païenne venue de loin. Aujourd'hui encore chacun de nous est invité à quitter sa part de ténèbre et à réveiller sa foi pour percevoir cette lumière qui peut
guider ses pas."
Père BLONDEAU.
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