Le
Dieu de la vie est dans la vie.
"Dieu vient toujours
par surprise. Mais quel Dieu? Celui de la Bible, celui de l'Évangile,
celui qui se révèle en Jésus Christ, celui dont l'Église rend
témoignage. Pas celui de notre imaginaire, de nos désirs, de nos
émotions ou de nos peurs. Un Dieu qui à aucun moment ne nous détourne
de notre vie quotidienne, personnelle, sociale, fraternelle,
puisque c'est au coeur de cette vie qu'il va faire irruption.
Comment, alors, prévoir l'imprévisible pour ne pas se laisser
surprendre ? Pour reprendre les mots de l'Évangile, comment
"attendre", comment "veiller". La réponse de
Jésus est claire : en restant en "tenue de service", en
vivant nos occupations comme un service. Le service, n'est-ce pas
justement l'esprit qui traverse toute l'Écriture , qui fait dire
à Jésus : "Je ne suis pas venu pour être servi, mais pour
servir". On sait jusqu'où ira ce service: en passant par la
guérison, le pardon, et même le don de nourriture à la foule
affamée, en se vivant comme une force qui pousse inlassablement
à annoncer une Bonne Nouvelle, celle justement d'un Dieu ami des
hommes, en allant jusqu'à mettre Jésus aux pieds de ses
disciples pour les leur laver, et le service culminera dans le don
de la vie, sur la croix.
Oui, Jésus serviteur nous montre le service comme le chemin sur
lequel nous pouvons rencontrer les venues toujours inopinées d'un
Dieu qui ne cessera de prendre le visage de nos frères. Dieu
passe et repasse dans le tissus quotidien de nos vies comme celui
qui nous invite à vivre ce quotidien dans la fidélité à l'Évangile.
Saint Louis de Gonzague adolescent, jouant dans la cour de son
collège et à qui on demandait : "que ferais-tu si tu
apprenais que tu allais mourir dans cinq minutes ?" fit cette
réponse: "je continuerais à jouer puisque c'est la volonté
de Dieu". Et l'hagiographe ajoute qu'à cette même question
ses camarades avaient répondu qu'ils se précipiteraient tous à
la chapelle! ...
Être toujours prêt à rencontrer Dieu, c'est reconnaître
qu'on ne peut en effet passer sa vie à la chapelle, même s'il
est bon d'aller s'y recueillir et d'y prier, mais que Dieu ne
cesse de se donner à notre rencontre à chaque instant de nos
vie, dans tout ce qui en constitue la trame quotidienne : travail,
rencontre, loisirs, repas, responsabilités... Chercher Dieu ce
n'est pas une parenthèse dans la vie et le risque est bien connu
d'être, comme on dit, un "bon chrétien" entre les
quatre murs de l'église, et sitôt la porte franchie d'oublier ce
Dieu qui nous attend en tenue de service à tous les instants,
dans toutes les circonstances de notre vie.
C'est ainsi d'ailleurs que, comme le disaient Saint Augustin et
Saint Paul : toute notre vie peut devenir prière. Les gens disent
parfois : Dieu ? Personne ne l'a jamais vu! Le Dieu dont on parle
en ces termes est en réalité le Dieu païen, et celui-là
effectivement on ne risque pas de le rencontrer car il n'existe
pas! Par contre le Dieu de notre foi n'est jamais absent. Jésus
nous avertit qu'il ne fait qu'un avec nos victimes. "ce que
vous que vous avez refusé à ces petits qui sont mes frères,
c'est à moi que vous l'avez refusé". De la même façon, il
ne cesse de venir, sans prévenir, à travers toutes ces
rencontres, tous ces moments de notre vie où nous avons à faire
des choix, soudain
dans la vie personnelle, dans la vie familiale, dans la vie
sociale, et en fin de compte dans la vie spirituelle. En réalité
le Dieu que nous fait connaître Jésus n'est jamais absent. Il
vient sans cesse, à chaque instant nous recevons sa visite. Non
pas qu'il "apparaisse", ce n'est pas sa façon, non pas
qu'il produise les évènements, mais à travers eux et par eux il
se propose à notre choix. "Veiller" veut dire rester
attentif et ouvert à tout ce qui survient pour, à partir de là,
vivre davantage selon l'amour."
Père Blondeau. |