La
peur d'être heureux. Épousés et conviés.
"Nous le savons. Dans les Paraboles de l'Évangile, le roi,
c'est Dieu. De même le Maître, le Père, !Intendant. Et ce
Royaume des cieux dont il est souvent question, c'est la destinée
mystérieuse de l'aventure humaine. De ce Royaume nous connaissons
la loi -, ce sont les Béatitudes où convergent comme en un
creuset éblouissant tout le feu de l'Évangile. Le roi a un fils.
Nous savons son nom : Jésus. Il ne cesse de !appeler son Père,
et même au plus fort de la déréliction.; sur la croix, comme il
arrive souvent dans ces, moments, il criera "papa" ! le
mot de la tendresse, de la familiarité, de la confiance,
'Tout le Nouveau Testament parle des noces du
Christ avec: l'humanité. Les plus: grands mystiques, Thérèse
d'Avila en tête, le désigne comme l'époux auquel elle voue la
force d'une passion amoureuse immense, portée par un désir
d'autant plus ardent que son objet est absent et n'est rejoint que
dans l'épreuve d'une "nuit obscure". Pour Thérèse de
Lisieux, nous savons que sur son lit d'agonie cette nuit sera
totale, désert de la foi, foi désertée. Et voilà que la Parole
nous dit aujourd'hui que le Roi célèbre les noces de son fils.
Ce sont donc là les noces du Fils de Dieu avec l'humanité. Avec
nous, Mais alors qui sont donc ces invités? ceux qui se dérobent
et vont même jusqu'à la violence meurtrière en réponse
à l'invitation qui leur est faite? Ceux qui, suite à cette
défection, sont péchés au hasard des chemins et des carrefours,
des n'importe qui, bons et mauvais, dit l'Écriture.
Et bien, c'est encore nous! Nous sommes invités
à nos propres noces ! Voilà un "flou", souvent je fait
de ce genre d'histoire, un flou qui nous prémunit contre les
certitudes faciles, les affirmations rapides, une compréhension
péremptoire du mystère de dieu, de la parole biblique qui le révèle.
Il faut mêler les deux situations pour aller plus profond dans la
compréhension du sens, Nous sommes à la foi épousés et
conviés.
Nous sommes épousés. Chacun sait que l'aventure
est le mariage. Qu'elles que soient les cohabitations
antérieures, quelles que soient leurs durées, une noce est
toujours une fête parce qu'elle est toujours un commencement,
l'aube d'une vie nouvelle. Voilà en effet ce à quoi nous engage
nos épousailles avec le Christ; devenir ce que nous
n'étions pas, renaître en quelque sorte. Mais qui se laisse
ainsi choisir par le Fils et répond à ce choix par un don sans
retour, par la conclusion d'une Alliance comme dit la Bible, sait
quelle vie nouvelle va s'ouvrir devant lui. Qui prend au sérieux,
absolument, les paroles de l'Évangile qui dit à ces paroles ce
oui conjugal qui engage à jamais, découvre vite tout le
bouleversement inattendu que cela apporte à sa vie. Certains
nouveaux mariés, même après des années et des années de vie
commune, le découvrent parfois avec une telle intensité, qu'il
arrive qu'ils ne le supportent pas, et ce sont ces ruptures
soudaines qui ne sont incompréhensibles qu'aux regards
superficiels. Nous voyons que certains épousés de l'Évangile ne
résistent parfois pas longtemps aux persécutions d'un monde que
cet Évangile remet en question et qui va se défendre... en
attaquant! parfois jusqu'au meurtre, et nous pouvons être aussi
ces invités meurtriers.
Être invités aux noces, être invités à
entrer dans l`esprit de l'Évangile, n'est pas facile. La
nouveauté fait peur. Les engagements nous angoissent. On
préfère rester attacher à ce que !'on connaît, voir à ce que
l'on possède, ou à ce que l'on possède,. Il est
toujours difficile de passer de la peur à la foi. Et ceux qui
viennent, nous convier à ce passage, nous ne les accueillons pas
toujours avec chaleur et amitié, bien plutôt avec suspicion,
ressentiment, quand ce n'est pas haine et violence meurtrière.
L'Évangile est une aventure et souvent nous restons prisonniers
de nos routines et de nos sécurités- Et nous pouvons devenir
violents si on insiste, "empoignant, maltraitant et
tuant" les serviteurs de l'appel. Nous pouvons même, et ce
n'est pas mieux, avoir fait semblant de dire oui, mais n'avoir pas
revêtu ce vêtement de noce qui est le signe de l'authenticité
de l'adhésion intérieure, "Ceux ne sont pas ceux qui disent
`Seigneur, Seigneur' qui entrent vraiment dans la salle du
banquet, mais ceux, dira Jésus, qui font la volonté du
Père". Tous cela pourrait être décourageant si nous
savions, au bout du compte, que même ont part au Banquet, puisque
du haut de la Croix, quand il pour devenir avec nous une seule
chair, le Christ nous rejoindra dans ce péché qui le tue et nous
l'entendrons pardonner le meurtre. Les choses n'en resteront pas
à ces pleurs et à ces grincements de dents parce que les noces
sont sources de vie et que la Résurrection fera de nous, en
Jésus, des enfants de Dieu animés d'une vie nouvelle."
Père BLONDEAU.
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