Il est vivant
"Il est vivant, non pas parce qu'Il est
revenu en arrière, comme Lazare, ou la fille de Jaïre, ou le
fils de la veuve. Il est vivant parce que sa mort n'a pas été un
naufrage dans le néant mais un bondissement dans la vie de Dieu.
Il est vivant en Dieu, de la vie même de Dieu dont Il a été, en
sa définitive humanité, le visage de la tendresse, la mesure de
l'amour, cet amour qui donne tout ; à commencer par ce qu'un
homme a de plus précieux, sa vie, car "il n'y a pas de plus
grand amour que de donner sa vie pour ceux qu'on aime".
Il est vivant, de cette vie divine qui le rend à jamais présent
à l'humanité d'un bout à l'autre de son histoire. Pour la
traverser d'espérance, de sens, de joie et de miséricorde.
Il est vivant, mais pour le reconnaître il faut ouvrir tout grand
les yeux de la foi qui sont ceux de l'amour car "on ne voit
bien que ce qu'on aime, disait le Petit Prince, et l'essentiel est
invisible pour les yeux". Voilà pourquoi tous les décisifs
récits d'apparitions dans les 40 jours qui suivent Pâque disent
qu'on ne le reconnaît pas du premier coup, et même à Emmaüs on
ne le reconnaît qu'après coup, quand il disparaît.
Il est vivant celui qui à Emmaüs , justement, a été reconnu
avec certitude au terme d'un long parcours dans les Écritures
conduisant pour finir à cette chaleur du coeur qui fait s'écrier
les compagnons, émerveillés , "c'est le Seigneur!" Il
est vrai qu'Il avait avec eux refait le geste de cette fraction du
pain qui dit la présence dans le communion.
Il est vivant mais il n'est pas à notre disposition. On ne le
rencontre pas sur commande. Tous les récits d'apparitions qui
jalonnent les 40 jours avant l'Ascension, ce mystère de définitive
disparition pour une définitive et universelle présence , par
leur caractère inopiné soudain, suivis d'aussi soudaines
disparitions, semblent vouloir dire à la fois la certitude que Jésus,
leur compagnon de route, s'est à jamais relevé d'entre les morts
et en même temps, progressivement, le caractère désormais
invisible de sa présence.
Il est vivant, et parce qu'il est Dieu il est nulle part afin d'être
partout. Partout où les hommes lui ouvrent leur coeur, lui
donnent leur confiance. C'est à nouveau dans l'éclat lumineux de
sa Parole au coeur de notre existence, dans l'espérance dont elle
se montre capable de la traverser, que la présence du Ressuscité
éclatera comme au matin de Pâque.
Il est vivant comme un ferment qui soulève de l'intérieur toute
l'humanité en même temps qu'il est à l'origine de sa pâte,
"Moi en eux, eux en moi" Jean 14/10. Tellement intérieur
à notre être que nous ne pouvons plus le voir puisqu'il est ce
regard nouveau avec lequel nous regardons toute chose , la Pentecôte
confirmera par le don de l'Esprit cette habitation intérieure qui
hors de la prise de nos sens ne peut être que saisie dans la foi,
même s'il peut arriver que soudain une illumination fugitive réchauffe
notre coeur.
Il est vivant, Jésus est vivant, bien vivant, comme la lumière
sur nos routes obscures, comme la force dans nos épreuves, comme
la joie dans nos fêtes, comme la tendresse dans nos amours, comme
la miséricorde dans nos blessures, celles reçues, celles données,
comme notre espérance la plus certaine, comme une promesse de résurrection.
Oui, Il est vivant, Alleluia ! alleluia ! ! . . .".
Père BLONDEAU |