Porter du fruit.
"On n'est
pas chrétien pour soi, de même
que l'on n'est
pas
homme,
ou femme, pour soi. L'égoïste, l'égocentriste,
donne toujours le vertige.
Comme un malaise, L'enfermement en soi rend absent, fuyant, le regard est
comme
tourné
vers l'intérieur, aveugle à tout autre qu'à soi. Ce sont
ces êtres qui, par
exemple, vous serrent la main
sans
jamais
vous regarder.
Deux yeux convergents, redoutable strabisme
affectif
qui ne
peut loucher que sur soi, et non deux yeux pour regarder en
face,
parallèles qui s'ouvrent sur l'infini de l'autre. Or si l'on ne rencontre pas l'autre, on demeure stérile. Rien d'autre que soi. Rien de
nouveau. On tourne en rond.
On se dessèche. Comme un sarment coupé dit Jésus.
Pour être un homme, une femme, ii faut rencontrer l'autre, L1Autre, l'altérité, un nouveau monde. Afin qu'il y ait du nouveau, L'enfant dans le couple,
c'est le fruit
par
excellence de la plus haute rencontre en humanité. L'Église finira même par en faire un
sacrement.
Un signe de la
foi, de la grâce, de la fécondité baptismale.
Oui;
image de la fécondité de la rencontre de Jésus avec l'humanité.
C'est ce que nous dit l'Évangile de ce dimanche dans
un
langage à la fois
bucolique et réaliste.
Être chrétien c'est vivre la
rencontre
avec Jésus
de façon fructueuse. Rencontrer en lui l'autre pour rencontrer le Tout-Autre devenu tout-nôtre
en lui.
C'est la définitive victoire
de
!'enfermement égoïste.
C'est
la
défaite
de
Narcisse. Saint Paul ira jusqu'à dire "ce n'est plus
moi, c'est
le
Christ qui vit en moi". Et quand on voit dans l'Evangile
comment vit le Christ,
ce que dit, ce que pense, ce que fait Jésus,
on
comprend
que l'on reconnaisse
aussitôt la
présence de cette habitation chez celui qui lui a
ouvert les portes
de sa confiance,
les portes de son cœur. Un chrétien
habité se reconnaît
entre mille. À ses fruits. Quels fruits portons-nous? Quand quelqu'un est amoureux on le voit tout de suite! la vie qui est entrée dans la sienne dilate son être et le rend lumineux, rayonnant.
Quel est notre
visage?
Jésus, aujourd'hui, dans cette image de la vigne,
tellement biblique, nous
interroge fortement.
Acceptons la
question.
Mais
tout cela ne va pas
sans
violence. Violence nécessaire. Pas celle qui tue. Celle dont Jésus affirme la nécessité pour entrer dans le
Royaume.
C'est
la violence de l'Esprit. Le
vent
violent de Pentecôte.
La
violence qu'il faut pour nettoyer les encombrantes scories
qui
étouffent
le
cœur.
Tout sarment
qui donne du
fruit,
le Père le taille
pour qu'il en donne davantage. Et cela peut faire mal. Un vrai combat dira saint Paul. Il faut lutter pour aller vers l'autre, pour
sortir
de soi. Il n'y a pas d'accouchement qui ne soit douloureux. L'amour est un risque
mais
c'est le risque de la vie. La
stérilité
est ce qui
ressemble
je plus à la
mort. Le chrétien qui est solidement fixé à la vigne qui le nourrit produit des fruits abondants.
Sa
fécondité vient de ce qu'il est traversé par une force qui le précède. Il en a va d'ailleurs ainsi pour toute fécondité. Jésus a montré que la vie n'est sauvée que parce qu'elle
est donnée. Toute
vie qui se refuse, qui se replie sur elle-même ne peut que dépérir. On ne sauve sa vie qu'en la donnant et c'est
là qu'il faut se faire violence.
C'est
la violence
de la
croix.
Le
Projet Missionnaire Diocésain
nous
invite à nous faire violence, à
nous réveiller, à nous ouvrir, à sortir de notre enfermement personnel et communautaire. Dans cet esprit toutes les paroisses de la ville de Perpignan se retrouveront le dimanche 2
juillet,
de 14 h à 18 h, autour de notre Évêque, pour mieux se connaître dans un temps de fête, de prière, de rencontre, afin de préparer des fécondités nouvelles et à venir. Nous y serons nombreux car nous dit
Jésus lice qui
fait
la gloire de mon Père c'est que vous donniez
beaucoup de fruits: ainsi vous serez pour moi des disciples". Notre pays catalan où la vigne est souffrante a besoin de ce signe; Nous le
poserons ensemble
dans l'espérance."
Père BLONDEAU.
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