Evangile de Jésus-Christ selon saint Jean (3,13-17)
"NUL N'EST MONTÉ au ciel sinon celui qui est descendu du ciel, le Fils de l'homme. De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l'homme soit élevé, afin que tout homme qui croit obtienne par lui la vie éternelle.
Car Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique: ainsi tout homme qui croit en lui ne périra pas, mais il obtiendra la vie éternelle. Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé." |
NOUS SOMMES CETTE CROIX
La croix. Jadis
un signe d'infamie. Comme la potence, le garrot ou la
guillotine. L 'instrument de cette peine de mort que nous avons, non sans mal,
rayé de la panoplie des châtiments. La croix. Aujourd'hui un bijou autour
du
cou, à la boutonnière, un ornement, une décoration, un élément de patrimoine dans
la vitrine d'un "trésor" d'église, croix tragique du Dévôt-Christ,
Croix glorieuse de l'art roman, byzantin, oriental. Que choisir ?
Croix carrefour où convergent la direction qui montre le
ciel, et l'autre qui
trace l'horizon de la terre. Croix nue. Le condamné a été détaché, mis au
tombeau. Des témoins (martyrs, en grec) affirment l'avoir rencontré trois jours
après. D'abord un tombeau vide. Et puis une présence indicible qui envahit le
coeur plus encore qu 'elle n 'envahit l'espace. "Notre coeur n 'était-il
pas brûlant pendant qu'il nous parlait?". Croix qui s'affirme comme
un sens nouveau de l'existence. Lieu tragique de l'existence humaine: elles le
sont toutes tragiques puisque toutes obscurcies par l'horizon de la mort, lieu où, dit
l'Ecriture
, celui qui était descendu a été élevé. Croix qui dit que les pires descentes
humaines peuvent un jour remonter, par ce même chemin, vers la vie éternelle.
Mais quel chemin ? Un carrefour poignant ou Dieu et
l'homme se rencontrent
parce que, une fois, la rencontre s'est faite en celui qu'annonçait le serpent de
bronze élevé dans le désert. C'est une affaire d'amour, dit l'Ecriture. Car
Dieu a tant aimé le monde qu 'il lui a donné son Fils Unique. Et si la croix est
vraiment avant tout un signe d'amour, alors c 'est au profond du coeur qu 'il
faut
avant tout la graver.
Dans le coeur elle est sagesse et dynamisme. Elle
brûle comme l'amour. Elle
tire vers le haut, vers celui qui se fait entendre, comme un visage qui se
rencontre. Et cette parole est d'espérance, et ce visage est de tendresse. Car c
'est l'amour qui sauve et non les sacrifices. Il sauve par ce passage fulgurant du Fils
né, vivant, aimant, libérant et mis à mort pour tout cela, et
vivant enfin, a jamais, pour garantir la route.
Et la croix s 'élargit aussi de tout
côté, à droite, à gauche, vers tous les
horizons du monde. Elle montre la direction qui part, d'un coeur percé jusqu 'à
la dernière goutte, vers le plus lointain, le plus pauvre de tous les membres de
cette humanité fatiguée qu 'elle veut rejoindre pour la faire vivre. Porter la
Croix n 'est rien : nous sommes cette croix, ce coeur meurtri qui tient d'en haut
son espérance et s 'ouvre aux dimensions de l'univers comme celui qui, jadis,
fut transpercé d'une lance sur ce carrefour de la vie éternelle.
Père BLONDEAU |