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LE SILENCE DE DIEU.  (le 17 - 10 - 04) - -

 

LE SILENCE DE DIEU

"Prier sans arrêt. Prier sans se décourager. Voilà deux invitations faites par Jésus et bien difficiles à suivre. Le Dieu auquel on s'adresse est tellement silencieux. Désespérément silencieux! À certaines heures de découragement spirituel on pourrait avoir l'impression de parler tout seul. Où est le visage, où sont les oreilles qui pourraient recevoir ma prière, l'entendre, et que dire? On peut comprendre l'insistance que met Jésus à recommander cet étrange comportement qui est celui de l'homme qui prie, comportement si dissonant dans notre temps avide de rationalité[ de rentabilité[ de visibilité. L'insistance de Jésus est bien le signe qu'il y a problème.

Mais la prière s'enracine dans la foi. Ce que peut traduire l'inquiétude finale de Jésus: "Le Fils de l'Homme, quand il reviendra, trouvera-t-il la foi sur la terre 7". Face au silence de Dieu que dire sans risquer de parler tout seul[ ce qui est assez névrotique, comme on le sait. Que faire sinon nous tourner justement vers q:lui qui parle, gui nous parlé. Pour le chrétien Dieu n'est pas resté muet. Il n'est pas resté le point à l'infini de nos projections toujours suspectes d'imaginaire. Après avoir parlé par les prophètes si ces mystérieux témoins de l'ailleurs, il a parlé, dit l'Écriture, par son Fils. Et le Verbe, la Parole, s'est faite chair. Et il a habité parmi nous.

Alors, quand nous prions, ne nous tournons pas vers en. haut[ vers les nuages. La prière chrétienne est horizontale. Parmi nous. Cela s'appelle l'Incarnation. Ce "parmi nous" est pour nous la seule brèche par où entrer dans le mystère du silence de Dieu. Si tant de nos prières semblent rester sans réponse ce n'est pas toujours parce que la foi nous fait défaut mais plutôt, me semble-t-il, parce que nous nous trompons de direction, nous cherchons Dieu là où il n'est pas. Et la foi qui inspire nécessairement la prière, ne consiste pas à attendre une réponse de Dieu qui ne vient pas, sinon dans nos fantasmes ou les opportunités des hasards heureux, mais à découvrir~ jour après jour, que sa réponse il nous l'a déjà donnée, sa parole a déjà retenti aux oreilles anxieuses d'une humanité suppliante, parole vivante qui nous dit qu'à toute demande Dieu1 en Jésus, a déjà répondu.

Saint Augustin met sur les lèvres de son Dieu cette belle réponse: "Tu ne me chercherais pas si tu ne m'avais pas déjà trouvé". On pourrait dire aussi: C'est en ne cessant pas de prier que tu , reconnaîtras que tu as déjà toutes les réponses. Ouvre le Livre. En filigrane se dessine en ses pages le visage visible du Dieu invisible. Et là il te parle. Et là il ne cesse de t'exaucer si tu entends sa parole et que tu lui fais confiance. Et le plus grand don qu'il te fera, c'est le don de lui-même, de sa propre personne. Et tu trouveras en cette intimité réponse à tout. C'est cela que doit avant tout creuser l'incessante prière dont nous parle Jésus. C'est la prière des plus grands témoins de la foi et des mystiques.

La réponse de Dieu à toutes nos prières est toujours une nouvelle venue du Christ dans nos vies. Dieu ne vient pas à nous à la seule extrémité de nos existences. Que voudrait dire cette venue quand on sait ce que sont, hélas trop souvent, ces douloureuses extrémités qu'un grand homme d'État, vrai priant par ailleurs, avait comparé à un naufrage. Bien mieux que le juge sans vergogne de la parabole qui ne cède qu'épuisé, à la longue, par les jérémiades du requérant, c'est dans notre actualité permanente que Dieu répond à notre prière par cette irruption en nos vies de la Parole qu'est son Verbe. À vrai dire l'intervention de Dieu est immédiate et permanente. Dieu est toujours présent à nos vies. Les choses suivent leur cours, il n'est pas' ce magicien qui bouleverse leur déroulement sur notre naïve requête. Mais ce cours de notre vie est toujours porteur d'un autre sens caché et qui, à l'inlassable prière, finit par se dévoiler grâce à la parole évangélique. Et au plus profond de n'Os nuits et de nos désespérances nous découvrirons peu à peu, toujours dans la prière, la lumière et la certitude de la Résurrection."

Père Blondeau

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