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UN FILOU.  (le 19 - 09 - 04) - -

 

La rentrée.

"L'Évangile semble nous donner un bien mauvais exemple: une étrange leçon de fraude, au demeurant fort habile. La fraude, elle est de tous les temps, du haut en bas de cette périlleuse échelle que l'on qualifie de sociale. L'actualité nous en donne des illustrations quotidiennes. Quand c'est au bas de l'échelle, en général les répressions se précipitent au plus vite, quand c'est en haut, ça traîne et les juges ont souvent bien du mal. "Selon que vous serez puissants ou misérables...". La fraude se glisse partout, là même où on l'attendrait le moins, dans les palais de l'État... ou dans les officines de pharmacie, un millier nous dit-on, où des petits malins remettent en rayon les médicaments inutilisés que des âmes généreuses leur retournaient pour les pays du Tiers- Monde. Jésus, de nos jours, aurait encore matière à paraboles!

Mais il faut remarquer que la parabole du gérant malhonnête ne commence pas par la formule habituelle: "Le Royaume de Dieu est semblable...". Dieu n'est pas dans cette histoire. Cette histoire est toute entière de notre côté, pas toujours très reluisant. Ce côté où nous faisons tout pour assurer notre position sociale, pour parvenir, et rester, dans ces situations enviables que procurent l'argent, les hautes fonctions, les grandes responsabilités, oui, on fait tout ce qui est légitime, comme le travail, le courage, l'esprit d'entreprise , mais aussi parfois ce qui l'est moins, des fausses factures comme le gérant de l'Évangile, ou d'acrobatiques immunités, parlementaires ou autres. Comme dit le prophète Amos dans la première lecture de ce dimanche, nous sommes, avec cette parabole, dans la logique de l'exploitation de l'homme par l'homme.
Et la question jaillit alors dans les propos de Jésus: cet acharnement, à tout prix, y compris celui de la rectitude de conscience, pour assurer notre sécurité et nos positions humaines, le mettons-nous de la même manière pour assurer ce que, dit encore l'Évangile, ni la rouille, ni les vers ne pourront détruire, à savoir l'entrée dans ces demeures éternelles qu'annoncent les chemins de la foi et qui sont éclairés par d'autres lumières que celles des gloires de ce monde. Lumières des Béatitudes qui font l'éloge de la pureté du cœur, de l'esprit de paix, de la miséricorde, de la douceur, de la faim et de la soif de la justice, ce don de Dieu. L'éloge en définitive des conditions nécessaires pour accueillir en nos vies ce trésor primordial qu'est l'amour et que, justement, ni argent, ni fraude ne peuvent garantir.

L'histoire du gérant dit aussi, à sa façon, l'importance de l'argent, mais en replaçant ce que Léon Bloy appelait "le sang du pauvre" dans le contexte de l'espérance évangélique. L'argent, il faut travailler dur pour le gagner, il sert à assurer notre vie matérielle et un grand nombre de nos besoins réels, culturels, voir spirituels, notre vie et celles de ceux dont nous sommes responsables, il sert aux États, quand ils sont honnêtes, à organiser le bien public au service de tous. L'argent, ceux qui en manquent, et parfois de façon cruelle, que ce soient les particuliers ou les peuples, en savent l'importance. Mais il peut aussi corrompre le cœur de ceux qui prétendraient ne trouver qu'en lui seul leur dignité, leur sécurité. Malheur à ces riches là dit encore l'Évangile. Autrement dit, comme bien des choses, l'argent n'est ni bon ni mauvais, c'est son usage et les moyens employés pour se le procurer qui ont à voir avec le désir de l'homme, ce désir qui s'enracine dans le cœur, ce cœur qui lui peut être bon ou mauvais.

L'argent dont parle beaucoup ce passage d'Évangile, est finalement qualifié par Jésus de trompeur. Peut-être parce qu'il promet plus qu11 est capable de tenir. On pense trouver en lui les sécurités les plus fiables alors qu'il ne nous protège ni contre l'échec de l'amour, ni contre la perte du sens, ni contre le désespoir, ni surtout contre la mort. Et en réalité ce n'est pas lui qui nous trompe. C'est nous qui souvent, hélas, nous trompons lourdement à son sujet. Comme le disait déjà la fable de Perette et de son pot au lait, ou plus dramatiquement encore ce passage de l'Évangile où Jésus évoque ce riche propriétaire qui fait de grands projets d'avenir grâce à l'accroissement de ses biens, et auquel, dans la nuit qui va suivre, on redemandera sa vie. Car le drame de l'argent, c'est d'en faire un Dieu. Or, dit encore Jésus, on ne peut adorer Dieu et Mammon, ce démon de l'or avide. Le dernier mot de la parabole de ce dimanche, sur les aléas d'une histoire frauduleuse, c'est que l'argent peut devenir maître au lieu de rester le serviteur qu11 peut seulement être. Et l'homme, pour trouver la vraie sécurité, le vrai bonheur auquel il aspire et que rien, pas même la mort, ne peut enlever, fera bien mieux de servir Dieu, et de le servir, depuis l'Incarnation, en ses frères les hommes, et pour ce faire il pourrait éventuellement... se servir de son argent!"

Père Blondeau

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