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Conversion. par Jean Baptiste Blondeau -  (le 21 - 03 - 04)

 

Conversion

"Il y a urgence à se convertir. Un roman de l'écrivain Gilbert Cesbron s'intitulait: "Il est plus tard que tu ne penses". Oui, jeunes ou vieux, il est toujours plus tard que nous le pensons, car chacun sait qu'elle vient souvent à l'improviste la redoutable camarde dont la visite est fatale. Mais il n'y a là qu'une bien imparfaite raison pour nous pousser à la conversion, d'autant plus que l'on dit parfois que c'est quand le diable se fait vieux qu'il devient ermite ! En tout cas aujourd'hui, ce n'est pas la raison que donne Jésus pour rappeler l'urgence. Ce serait plutôt l'inverse : c'est de ne pas se convertir qui risque d'être mortel. Qu'est-ce à dire?

Cela ne veut pas dire non plus que la mort risque de frapper ceux qui tarderaient à cette conversion. Comme si la mort était un châtiment du péché. Vieille idée qui traîne dans toutes les religions et que l'on a même retrouvé chez nous au moment où éclatait la désastreuse épidémie du Sida. Ce Dieu là en tout cas n'est pas celui de Jésus... C'est ce qu'il nous dit dans cette page d'Évangile, dans toutes les pages. La religion qui va se développer, enracinée dans sa Parole et dans toute sa geste messianique est toute entière une religion de l'amour. Et Dieu qui en lui prend figure humaine se dit par lui comme un Dieu d'amour, un Dieu-Amour, un Dieu amoureux. Il n'a pas d'autre puissance que celle là, comme le montreront, inséparablement liés, l'impuissance de la Croix et la toute puissance de la Résurrection.

Non, pour Jésus, la conversion, c'est en elle-même un enjeu de vie et de mort. Elle n'est pas un mystère d'extériorité, comme l'exigence jalouse d'un Dieu vindicatif, elle est toute entière mystère d'intériorité, mystère de fécondité, dit Jésus. Et la fécondité est justement le fruit de l'amour quand il est authentique. Ne pas se convertir c'est périr comme s'arrêter de respirer c'est périr, et, plus précisément encore, s'arrêter d'aimer ce n'est plus vivre. Comme l'écrit Saint Paul aux Corinthiens, et comme le chantait Edith Piaf, sans amour on n'est rien du tout.

Car il faut bien comprendre ce qu'est la conversion évangélique. Ce n'est pas se convertir à une meilleure pratique, à un meilleur comportement éthique, ou même religieux. Et c'est d'ailleurs pour cela que la conversion chrétienne concerne tout le monde, même le plus juste, le plus pratiquant, le plus moral des hommes, comme ces hommes pieux faisant leur dévotion au Temple de Jérusalem et soudain emportés par la violence aveugle du procurateur romain, ou ces pauvres diables sur la tête desquels s'écroule soudain la fragile tour de Siloé. Se convertir, en christianisme, c'est "se tourner-vers". Vers celui qui vient nous trouver. C'est précisément ce que nous propose de rajeunir le temps du Carême: cette volonté confiante et fidèle de mettre le Christ au centre de nos vies en nous souvenant qu'il vient aujourd'hui à notre rencontre à travers tout homme. Et voilà pourquoi, entre autre, le CCFD en ces jours nous invite à un effort de solidarité et de partage. Il ne s'agit pas de renforcer la loi, ce que nous avons parfois tendance à faire pendant le Carême, il s'agit au contraire de passer de la loi à l'amour. Et l'amour, toujours, produit des oeuvres, il est fécond sauf à être un égoïsme dissimulé. Et voilà pourquoi Jésus raconte son histoire de figuier stérile.

Voilà le grand paradoxe chrétien, ce qui nous fait vivre, ce qui nous sauve de la mort, ce qui nous "justifie", ce n'est pas la recherche facilement suffisante, de notre propre perfection, rais c'est la recherche de "l'Autre", et elle passe par la recherche des autres. Ce que vous avez fait ou refusé au plus petit d'entre les miens... on connaît la suite. Et la Bonne Nouvelle c'est que tous promis à la mort, jeunes ou vieux, accidentelle ou de vieillesse au fond de son lit, nous sommes en fin de compte promis à la vie. Et c'est croire à la victoire de la vie qui nous délivre de nous-mêmes, de nos repliements, de nos violences, de nos égoïsmes peureux, de cette illusion fatale de penser assurer notre vie dans la puissance humaine, dans l'argent, dans un savoir enfermé en lui-même ou n'importe quelle autre idole. Oui, se convertir, c'est se détourner des idoles qui mènent à la mort inéluctable, fusse par un chemin de délices, pour se tourner vers le Dieu vivant qui nous fait vivre. Et même si l'arbre de nos vies est déjà mort, il reste le travail du jardinier pour le faire revivre, le jardinier qui est Dieu lui-même au travail en nous par et dans le Christ.".

Père BLONDEAU

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