L'unité
chrétienne.
"Il faut bien en convenir", la cause de !'œcuménisme
na passionne plus grand monde. Et la semaine de Prière pour
l'Unité Chrétienne mobilise bien peu nos communautés en dehors
des quelques manifestations traditionnelles qui ne déplacent pas
les foules.
Mais après, après dans le quotidien de nos communautés, qu'en
sera-t-il de cet œcuménisme, si souvent confondu, d'ailleurs,
avec "l'inter-religieux", c'est à dire le dialogue avec
nos amis juifs, musulmans, bouddhistes, etc. ? Confusion qui
pourrait, après tout, nous interroger, et qui sait, nous ouvrir
des pistes nouvelles pour rajeunir nos entreprises pastorales.
Entre chrétiens en tout cas, en gros finies les guerres de
religion, et ce n'est pas malheureux! Mais l'inculture religieuse,
pour ne parler que de cela, est telle aujourd'hui, dans toutes nos
Églises me semble-t-il , que ce qui est sensé nous diviser
n'apparaît plus pour la majorité des chrétiens que comme
d'obscures et obsolètes querelles théologique qui n'intéressent
plus grand monde. Que Benoît XVI congratule je Grand Rabbin de
Rome parvient encore à réveiller quelque peu les média, et ceux
qu'elles informent, nous, que les Pasteurs soient mariés et la
majorité des prêtres catholiques célibataires peut aussi
parfois rallumer l'intérêt des lecteurs, etc., mais au delà ?..
De plus, pour beaucoup, même dans la particularité de nos Églises
et pour le plus grand nombre des fidèles, nos divisions
apparaissent davantage comme une diversité que comme un vrai
problème qui relèverait d'une mobilisation, d'une prière, d'une
conversion...
Faut-il alors, paradoxalement, que la Semaine de Prière pour
l'Unité Chrétienne soit l'occasion de rafraîchir nos mémoires
et de braquer le projecteur sur ce qui reste, malgré tout, à
travers les différences, une réelle division? Je ne vois pas
d'autre réponse que celle qui nous invite, tous les chrétiens,
à faire converger nos routes spirituelles et ecclésiales. Nous
le savons, c'est là que se trouve le gros du problème, celui que
nous nommons chacun dans les balbutiements de nos théologies
savantes, nos cathédrales théologiques comme écrit le Père
Maurice BELLET dans un article récent de la Revue Études
(novembre 2005) , édifices savants qui honorent certes la raison
des hommes et leur soif de comprendre et de dire, mais qui n'épuisent
jamais le mystère d'un Dieu caché dans une Histoire et dans une
Parole dont nous pensons unanimement qu'elle a fini par prendre
corps en Jésus de Nazareth.
Que faire? Que dire? Que prier? Je vois déjà comme une réponse
dans cette admirable oraison prononcée en... 1925 dans la cathédrale
de Stockholm à l'issue de la rencontre de la Commission Life and
Work :
"Notre Père, Dieu qui est amour, nous te bénissons,
nous te louons pour avoir envoyé ton Christ, notre Seigneur,
celui qui est notre Paix, celui qui veut nous réconcilier les uns
avec les autres, et faire de nous, par la Croix, un seul corps. Oh
! inspire à ton Église universelle un esprit
d'union et d'unité pour le service, afin que tous les chrétiens
soient prêts ? de nouveaux actes de foi, et qu'il acquièrent
une intelligence plus vraie des volontés de notre Sauveur! Réchauffe
nos sentiments! Élargis nos idées! Dissipe les préjugés et les
passions mauvaises ! Fais triompher la cause de
l'entente et de la fraternité parmi les hommes! Au nom de la
grande vision, que nous acceptions la tâche qui s'impose
aux disciples du Messie, dans les temps où nous vivons! Et que la
chrétienté entière travaille, d'un même élan persévérant, à
l'avènement de ton règne sur la terre! 6 Éternel! Père
miséricordieux, que, sous l'action de ton Saint-Esprit, l'humanité
soit élevée à /a véritable vie qui est en Toi, et que
la création souffrante, qui gémit dans l'esclavage de la
corruption, soit conduite à la liberté glorieuse de tes
enfants, par Jésus-Christ, notre Seigneur. Amen",
Travailler ensemble au nom de notre commune adhésion à Celui que
nous reconnaissons tous Gomme Messie, envoyé de Dieu, porteur
d'une inépuisable parole d'espérance et de sens, Christ
affirmant l'actualité dynamique de cette Parole en chacun d'entre
nous par le don d'un Esprit qui dans l'Évangile n'a d'autre
visage que celui de l'amour, amour extrêmement concret et pour
finir, au matin de Pâque, tout-puissant Oui, travailler ensemble
à l'œcuménisme, n'est-ce pas vouloir converger dans une Épiphanie
qui soit révélation au monde de l'universalité du Salut? Mais
un salut qui ne soit pas une abstraction. A Jean qui du fond de sa
prison, lui envoie de ses disciples lui demander "es-tu celui
qui doit venir ou devons nous en attendre un autre ?". Jésus
ne répond pas par un discours théologique mais par les
"signes", annoncés déjà en Isaïe, qui montrent la présence
de l'Envoyé: "Les boiteux marchent, les aveugles voient, les
sourds entendent, les lépreux sont purifiés, les morts
ressuscitent et, signe suprême, les pauvres entendent une bonne
nouvelle". Et aujourd'hui comme hier, il est si rare que cela
leur arrive, eux qui d'ordinaire n'en reçoivent que de mauvaises!
Alors, chrétiens de toutes confessions, entendrons-nous à
l'occasion de cette Semaine de Prière pour l'Unité Chrétienne
que c'est avant tout notre amour mutuel, et actif, créateur de
relations entre des peuples. et des communautés divisés, source
de réconciliation et de compassion, acteur de fraternité, de
solidarité, de justice, qui donnera à la fois authenticité à
notre prière et permettra que cette prière soit révélatrice
d'un Seigneur d'amour, bien au-delà des tâtonnements théologiques
de ses fidèles et inscrit comme en filigrane dans la vie de
chacune de nos communautés. Si besoin était d'une réconciliation
au cœur de nos divisions, c'est d'abord ce visage de la Charité
dont elles oeuvraient témoigner et l'on peut espérer, Dieu
aidant, que tout je reste nous sera donné par surcroît, quand
Dieu voudra et comme il voudra."
Père BLONDEAU.
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