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LES CHEMINS DE LA JUSTICE.  (le 24 - 10 - 04) - -

 

LES CHEMINS DE LA JUSTICE

"Pour qu'une relation soit possible, il faut en nous un certain vide. Ne dit-on pas, parfois, que certaines personnes sont pleines d'elles-mêmes? Il faut s'éprouver insuffisant pour avoir besoin de l'autre. Un être suffisant rend la rencontre impossible. La plus haute relation est celle de l'amour. Comment peut-on aimer, comment pourrait aimer, celui qui est plein de lui-même, suffisant? Aimer! c'est toujours prendre un risque, le risque justement d'une insuffisance découverte en nous qui ne pourra désormais être comblée que par l'amour de l'autre. Et si cet amour vient à manquer alors c'est le drame, la blessure, l'épreuve du manque et cette redoutable fragilité que cela soudain révèle en mon être profond. Peut-être est-ce la peur de cette souffrance et le pressentiment de cette fragilité qui peut nous rendre suffisants et pleins de nous-mêmes, comme hermétiquement clos. Mais alors c'est la solitude et l'asphyxie du cœur. Cercle vicieux? L'Évangile nous propose justement de le transformer en cercle vertueux.

L'amour est créateur. Nous en avons tous l'expérience. Et le couple humain le premier, homme et femme, traversé au cœur de son amour par cette puissance créatrice qui vient de loin. Mais pour que la création soit possible, il faut de l'espace. Aucun fruit de l'amour ne peut trouver de place dans l'espace fermé de nos égoïsmes. Dieu qui est amour doit trouver devant lui un homme qui soit comme une page blanche sur laquelle il pourra dessiner une présence, un visage à son image et à sa ressemblance, comme dit la Bible. Le pharisien qui se tenait debout au beau milieu du sanctuaire a déjà tout écrit de sa vie, il est programmé, Dieu n'a plus de place, lui dont l'irruption est toujours une surprise. Voyez Marie, la page blanche par excellence et qui ne s'attendait pas du tout au dessein de Dieu, qui sera l'habitation en elle de la Parole qui sauve.

Nous sommes parfois ce Pharisien. Nous sommes devant Dieu comme il est devant Dieu. Tout est écrit. Les codes de Droit, canoniques ou autres, les certitudes morales, les constructions théologiques, les pratiques cultuelles qu'on veut à tout prix afficher, réchauffer, parce qu'au fond elles nous sécurisent en nous protégeant: "Je jeûne deux fois par semaine, je paie la dîme... ". Et cette tatillonne mise en conformité nous rassure, quand elle ne nous permet pas,. subrepticement, d'exercer des pouvoirs qui nous font porter sur les autres un regard méprisant: "Je ne suis pas comme les autres hommes... ni même comme ce collecteur d'impôts". Aucun blanc sur les pages de nos vies, Dieu ne peut rien écrire de nouveau, lui qui est la permanente nouveauté, celle de l'amour, lui qui ne cesse de surprendre les prophètes, jusqu'à Zacharie dans son Temple et Marie dans sa virginité. Oui, le Pharisien semble avoir tout juste mais en réalité le bien qu'il fait et qu'il énumère en bombant le torse c'est à lui-même qu'il le fait, et il a tout faux. Quand il revient chez lui il n'est pas "justifié" dit l'Évangile. 

Et Jésus nous montre alors, tout au fond, sur le seuil du Temple où il n'ose même pas s'avancer, un autre homme, bien insuffisant celui-là, le bas de gamme de la société, un voleur dont la richesse vient de ce qu'il exploite ses concitoyens. Mais à la différence du pharisien ce publicain a conscience de son insuffisance. Il est ce qu'il est, peu importe, ce n'est pas reluisant à vue humaine bien sûr, mais ce vide reconnu va appeler une plénitude. Au sens le plus évangélique du terme il est ""aimable", Et c'est ce qui va se passer. Dieu trouve en lui de la place pour y faire advenir la nouveauté de son pardon, de sa justification, cette justice biblique qui est cette façon qu'a Dieu de jeter les yeux sur "son humble servante, de disperser les hommes à la pensée orgueilleuse, d'élever les humbles, de combler de biens les affamés et de renvoyer les riches les mains vides" (Luc 1/51-53). Que donner en effet à celui qui pense tout avoir, être parfait, supérieur ?...

Alors; soyons ce Publicain. Ne soyons sûrs de rien et surtout pas de nous- mêmes. Ne cherchons pas à nous approprier le bien que nous faisons, qu'il soit plutôt la circulation de cet amour qui ne peut venir que du don de Dieu vers lequel nous tendons les mains. Ne revendiquons aucun pouvoir et surtout pas celui que nous tirerions d'une situation de Pharisien, c'est-à-dire de purs, de consacrés, de professionnels du "religieux", tentation subtile qui n'épargne pas l'Église car elle n'épargne personne. Soyons assez libres dans un amour enraciné dans la confiance en Dieu pour que nous avancions vers Dieu et vers nos frères, puisque Jésus nous dit qu'ils sont inséparables, les mains nues, le cœur disponible et prêts aux surprises que nous réserve l'amour de Dieu qui a justifié, au fond du Temple, le pauvre type qu'était ce Publicain. Efforçons-nous enfin de porter sur nos frères le même regard libérateur que Dieu porte... sur nous!"

Père Blondeau

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