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QUI ES - TU ? par Jean Baptiste Blondeau -  (le 25 - 04 - 04)

Jean (21, 4)


"Au lever du jour, Jésus était là sur le rivage, mais les disciples ne savaient pas que c'était lui ..."

Qui es-tu ?

"Chaque récit des manifestations de Jésus ressuscité nous met sur la voie. Croire ce n'est pas voir. Plus l'image se veut réaliste, plus elle éloigne de la foi. C'est le danger de toutes les représentations religieuses, en tout cas leur limite, et dans notre modernité la plus redoutable est certainement celle que montrent les écrans de cinéma, cet art majeur du trucage et de l'illusion. Aucun film sur Jésus n'y échappe, le Ressuscité de notre foi n'est ni le sympathique militant humanitaire de Pasolini, ni le doux ami des foules de Zefirelli, ni le torturé ensanglanté de Gibson. Au Ressuscité qui leur donne du pain et des poissons, les disciples se retiennent de demander : "Qui es-tu ?". Leur regard semble voilé mais "ils savent que c'est le Seigneur". Non, croire ce n'est pas recevoir une image qui s'imposerait à la vue, comme sur un écran. Croire, c'est faire confiance. C'est à cette confiance priante qu'invitent les belles et mystérieuses icônes de l'Orient chrétien, elles dont les regards immenses sont transparents de l'infini.

Emmaüs le confirme, croire c'est vivre d'un dynamisme intérieur qui part du coeur, comme un feu qui brûle et qui irradie tout l'être. Jean, le disciple bien-aimé, dit sa foi devant le tombeau vide : "il vit et il cru". Il vit l'Absence, car croire ce n'est jamais s'accrocher à une présence en disant je ne te lâcherai plus. Au tombeau vide, Jésus Ressuscité dira à Marie de Magdala : "Ne me retiens pas !...". Le Christ de notre foi est imprenable. Sa présence est toujours marquée au coin d'une Absence. Dieu s'efface pour que l'homme grandisse, Simone Weil (la philosophe...) disait : "heureusement que Dieu ne s'est pas montré dans sa création, sinon on ne verrait plus que lui".

Il vit et il crut l'ami de prédilection qui inclina sa tête sur la poitrine de Jésus, la veille de sa mort, au moment tragique des grandes trahisons, des lâchetés mortelles. Mais du Ressuscité on ne peut s'emparer de la présence. La présence eucharistique qui est celle du pain brisé, la fractio panis, brisé comme le corps du Christ, doit disparaître en nous, être mangée, assimilée afin que nous soyons assimilés en elle. Les adorations du Saint Sacrement, nées jadis de l'absence de communion des fidèles à la messe et comme barrière de la Contre-Réforme, ne peuvent être présentes aujourd'hui à notre dévotion que comme une invitation à cette intériorité, et non comme la mise à distance d'un divin devant lequel on se prosterne.

C'est au mystère de notre propre vie que nous renvoie, sans cesse l'Écriture, notre vie de tous les jours, habités que nous sommes par l'obscurité lumineuse de la foi. Saint Paul le dit d'une admirable formule : "Votre vie est cachée en Dieu avec le Christ". Oui, le Ressuscité est caché en Dieu son Père et notre Père, et nous sommes cachés avec Lui, en Lui, et c'est ce que nous appelons vivre de l'Esprit, cette invisible présence intérieure d'un divin qui devient la source féconde de nos paroles, de nos actes, de nos choix, de nos décisions, de nos engagements. Et les chemins de cet Esprit nous les trouvons dans l'Évangile, ce sont ceux que Jésus prend tout au long de ce témoignage que nous laisse l'Écriture.

La foi c'est le saut dans la confiance, comme le savent bien les amoureux. Les disciples n'avaient pas pris de poissons mais sur sa parole, pleine de tendresse, "les enfants...", ils jettent à nouveau leurs filets qui se remplissent à craquer. Et quand Jean dit à Pierre "c'est le Seigneur!...", Pierre couvre sa nudité, qui annonçait la mort, mort du vêtement de Résurrection, et il plonge dans l'eau d'un mystérieux baptême. Cette robe, déjà, nous l'avons revêtue, et si dans la pudeur de notre foi, face au mystère de l'absence, nous n'osons demander "Qui es-tu ? ", nous savons bien à cette surabondance de sens, de joie, d'espérance qui remplit nos filets quand nous les jetons dans les eaux de vie qui sont celles de la Parole, oui, nous savons alors, nous aussi, que c'est le Seigneur...".

Père BLONDEAU

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