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LE TROISIÈME HOMME.  (le 26 - 09 - 04) - -

 

Le Troisième homme

"Si le riche de la parabole est anonyme, c'est qu'il est le parangon de tous ceux qui partagent sa situation et son comportement et dont, de bien des façons, nous parlent de nombreuses pages d'Évangile. De nos jours il ne porterait que des vêtements de "marque", ceux qu'un habile marketing fait convoiter à nos collégiens au grand dam du budget parental, à l'époque c'était "le pourpre et le linge fin". Et la grande bouffe! Oui, pas ces sympathiques et occasionnels repas de fête où l'on met les petits plats dans les grands et où s'exprime une joyeuse convivialité, familiale ou amicale, mais chaque jour de "brillants festins". On imagine ce riche quelque peu en surpoids, et encore heureux qu"à l'époque on n'avait pas encore inventé le cholestérol! Remarquons qu'il ne fait rien de mal. Il est très élégant et il mange bien. Nous verrons que son problème est ailleurs.

Et puis il y a Lazare. Lui, il a un nom. C'est d'ailleurs tout ce qu'il a. Car il est pauvre. Et ce n'est rien de le dire. Le plus bas de la fameuse échelle sociale que le riche qui est au sommet va bientôt raire craquer sous le poids de sa mauvaise graisse. Lazare, lui, il est sur la marche qui est près du caniveau. Effondré, couvert d'ulcères, affamé, à la porte. Son seul secours: des chiens, pourtant considérés dans la Bible comme répugnants et méchants, qui viennent lécher ses. ulcères. On ne peut pas établir entre ces deux personnages un contraste plus violent, plus tragique. C'est déjà la société à deux vitesses; Lazare n'a que son nom, mais dans la Bible c'est beaucoup. Le nom vient directement de Dieu et il donne littéralement l'existence. Au premier chapitre de la Genèse, Adam et Ève reçoivent de Dieu leur nom et sont chargés par Lui d'en donner un à tous les êtres de la création. Et Dieu lui- même a un nom tellement sacré qu'aucune voyelle ne permet de le prononcer. Alors, on commence à s'inquiéter pour ce riche qui apparaît soudain, au beau milieu de ses richesses, comment manquant de l'essentiel: ne s'identifiant que par son avoir, il n'existe pas.

Mais pour qu'apparaisse la pauvreté du riche et la richesse du pauvre il va falloir passer un seuil, celui que nous passerons tous un jour, à une heure inconnue mais certaine, écrite. Le riche et Lazare meurent, et passé ce seuil l'Évangile nous fait comprendre qu'on laisse tout de l'autre côté, aussi bien les richesses que les ulcères. Tout, sauf une chose décisive et dont le riche semblait totalement dépourvu ici-bas, et non pas le pauvre. Cette chose n'est d'ailleurs pas matérielle, bien qu'ayant un fondement organique elle serait plutôt spirituelle et assez mystérieuse: c'est le REGARD. Si Lazare pouvait voir le riche en train de s'empiffrer et arriver les chiens qui léchaient ses ulcères, il semble bien que le riche, lui, ne voit rien ni personne, pas plus loin que le bord de son assiette bien garnie. Ce n'est que franchi le fameux seuil qu'il découvre tout à coup, lui qui ne s'inquiétait pas des besoins du pauvre qu'il ne voyait même pas, que c'est lui, le riche qui a besoin du secours de Lazare! On se souvient alors de la parabole de Jésus, dimanche dernier, à propos de l'intendant malhonnête: "faites-vous ici-bas des amis avec l'argent trompeur pour qu'une fois celui-ci disparu, ces amis vous accueillent dans les demeures éternelles."...
Lazare n'a pas franchi la porte du riche pour y être accueilli, visité, nourri, habillé, soigné: "j'étais pauvre, nu, malade, affamé..." dira Jésus, et vous ne m'avez pas soigné, visité, nourri. Et voilà que les deux hommes passent, ensemble cette fois, une autre porte, et que va alors éclater la vérité de la vie, du moins celle qu'annonce l'Évangile. Le riche n'a rien fait de mail il a seulement ignoré, ou voulu ignorer, l'existence de Lazare. Son problème! le voilà: la cécité du cœur. Et çà c'est terrible! Car cela crée un abîme entre les hommes. Un abîme terrestre que l'on appelle aujourd'hui la fracture sociale, et que l'Évangile nous montre comme se creusant pour l'éternité, mais en s'inversant. Lazare non plus n'a rien fait de bien ou de mal, il était seulement travaillé par un besoin qui engendre - un désir: "il aurait bien voulu se rassasier des restes du riche". L'Évangile nous dit que celui qui n'a plus rien à désirer n'a plus rien à attendre. Celui qui désire est toujours un homme en route vers un ailleurs. La foi nomme cet ailleurs le Royaume de Dieu, et Saint Augustin disait: "si ton désir ne cesse pas, ta prière ne cesse pas".

Aujourd'hui, voilà donc un riche qui - et c'est le danger des richesses que l'Évangile pointe si souvent du doigt - s'enferme dans sa richesse, son luxe, son confort, et qui est aveugle devant le pauvre. Voilà un pauvre, pas un saint, un pauvre, qui désire de la nourriture, et peut-être des soins. Viendra alors le troisième homme, Jésus, qui lui aussi passera le seuil pour les rejoindre tous les deux, et comme l'annonce le dernier mot de la parabole, il ressuscitera des morts et se donnera lui-même en , nourriture à tous les hommes sans exception, à tous ceux qui le désirent..."

Père Blondeau

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