Qu'ils soient un.

"Qu'ils soient un. C'est clair, net, cela sort de la bouche même de Jésus, et  l'unité des disciples n'est pas facultative, bien entendu. Elle n'est pas 1 davantage une exigence parmi d'autres. Elle est centrale. Elle est au 1 cœur de la fidélité chrétienne. C'est d'abord à ce signe que l'on peut: nous reconnaître. Parfois des chrétiens, en se culpabilisant quelque peu, j disent: je suis croyant mais pas pratiquant. Comme si la "pratique" était
le signe exclusif de l'appartenance chrétienne. La pratique, certes, mais pas limitée à la pratique de la messe dominicale: la pratique de l'Évangile, et au cœur de cette pratique, l'unité dans l'amour. Car il pourrait arriver que la pratique dominicale soit parfois limage de la division, tragique contradiction, lorsque les assemblées sont en réalité des dispersions éclatées au quatre coins d'une immense nef, comme si les chrétiens qui viennent "communier" cherchaient à être le plus isolés possible les uns des autres, et bien loin de la table qui les rassemble. L'Eucharistie est le centre et Je sommet de la vie chrétienne parce qu'elle est la source et le lieu de cette unité, de cette communion au Père en Jésus qui doit se traduire en communion entre les frères, et pas seulement ceux qui sont à l'intérieur de l'église/ sous peine, comme l'a écrit Benoît XVI d'être une "eucharistie tronquée".
Être un, certes, mais pas n'importe comment, pas comme une armée disciplinée, pas davantage dans une unité fusionnelle qui nierait les différences et les noierait dans une sensiblerie qui n'a rien à voir avec l'unité chrétienne. L'Évangile nous invite à être un homme, et ce mot est répété souvent dans l'évangile de ce dimanche, un COMME nous-mêmes/ dit Jésus. Et ce COMME ne veut dire ni une comparaison, ni même une imitation, c'est beaucoup plus fort que cela. Être un dans l'amour veut dire pour nous que c'est le même amour qui habite le Père, le Christ et ses disciples. C'est l'amour divin qui en Jésus se transforme en amour humain, et l'amour qui nous unit est donc dans le monde l'actualité même de l'amour trinitaire, de l'amour de Dieu. Immense responsabilité! Immense mission! Notre unité est ce qui dans le monde annonce, signifie, rend présent l'amour de Dieu et l'espérance qu'il donne à l'humanité. "De même que tu m'as envoyé dans le monde, dit Jésus, moi aussi je les ai envoyés dans le monde".

On se demande souvent où est Dieu. La réponse est claire pour les Chrétiens. Dieu habite là où l'amour rassemblera deux ou trois personnes, ou 20, ou 100, ou 1000, au nom du Christ. La présence eucharistique est le lieu par excellence où se construit cette présence de l'amour dont les "communiants" deviennent responsables, pour leur joie, et pour la joie du monde, et Jésus dira: "Je parle ainsi en ce monde pour qu'ils aient en eux ma joie et qu'ils en soient comblés". Oui, c'est la vision de notre unité, fruit de l'amour, qui montre au monde que Jésus est bien l'envoyé de Dieu et qu11 est porteur d'une espérance, d'un salut, pour l'humanité, au cœur de sa marche si souvent douloureuse mais qui trouve alors son sens et sa confiance.

Avant les paroles, ce sont donc nos actes qui construisent une communauté chrétienne fraternelle, respectueuse, libératrice, qui disent la bonne nouvelle de l'Évangile. Les mots de cet Évangile, les mots de la Bible, les mots de l'Église y compris ses paroles liturgiques et sacramentelles, ne peuvent être intelligibles et crédibles que si nous mettons, comme nous y invite Jésus, l'amour au-dessus de tout. Certes nos insuffisances n'empêchent pas le Christ de passer par nous et par son Église pour accomplir son œuvre, Dieu passe aussi par nos faiblesses, vers cet amour total nous ne sommes qu'en marche, mais cette unité dans l'amour est la loi première de notre vie chrétienne, l'idéal qu'il nous faut toujours retrouver et affirmer, ce glaive qui vient, comme dit le psalmiste "sonder les reins et les cœurs des croyants"

Père BLONDEAU.