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De la Bonne Nouvelle, par Jean Baptiste Blondeau - 
Le verre d'eau
(28 - 09 - 03)

Evangile de Jésus-Christ selon saint Marc (9, 38-43, 45, 47-48)

"Jean lui dit: "Maître, nous avons vu quelqu'un qui chassait les démons en votre nom, il n'est pas d ceux qui nous suivent, et nous l'en avons empêché." Jésus répondit: "Ne l'en empêchez pas; car il n'est personne qui puisse faire un miracle en mon nom, et, tout de suite après soit capable de mal parler de moi. Celui qui n'est pas contre nous est avec nous. Et quiconque vous donne à boire un verre d'eau pour le motif que vous êtes du Christ, je vous le dit en vérité, il ne perdra pas sa récompense. Et quiconque scandalisera un de ces petits qui croient en moi, mieux vaudrait pour lui avoir une meule d'âne suspendue au cou et être jeté à la mer.

Et si c'est ton pied qui te scandalise, coupe-le; mieux vaut pour toi entrer estropié dans la vie que d'être jeté avec tes deux pieds dans la géhenne.
Et si c'est ton oeil qui te scandalise, arrache-le; mieux vaut pour toi entrer borgne dans le royaume de Dieu que d'être jeté avec tes deux yeux dans la géhenne, où leur ver ne meurt pas ni leur feu ne s'éteint.

LE VERRE D ' EAU.

"Il n'est pas de ceux qui nous suivent". Voilà la racine de 1 'intolérance . La pensée unique. Tous le même discours. Et bien entendu ma pensée, mon discours, décrétés référence suprême et exclusive. Oui, l' exclusion. Mal profond d'une humanité si peu sûre d'elle-même qu'elle s'accroche farouchement aux certitudes dont elle hérite, bien plus qu'elle ne les forge dans 1'expérience, dans la vie. C' est la racine de tous les intégrismes, arrêtant le souffle de l 'Esprit et la marche du temps à un moment du passé que 1'on décrète absolu, souvent le moment de nos regrets, de nos nostalgies, de nos enfances, ou celui de nos angoisses qui ne veulent pas quitter la branche qui fut secourable mais aujourd'hui qui fige et paralyse si on ne veut plus la lâcher.

Et c'est justement à 1'expérience, à 1'existence, que renvoie Jésus. "Celui qui n'est pas contre nous est avec nous". Nous voilà placés devant ce qui EST pour Jésus, et ce qui EST contre Jésus. Ce qui EST, pas ce qu'on dit. Ce qui est, le Seigneur en donne tout de suite un exemple à ses disciples d'autant plus pointilleux et prompts à condamner qu'ils sont eux-mêmes, comme nous le montre l'Evangile.,si faibles,  de cette faiblesse qui est la nôtre. Ce qui est, pour Jésus ce qui nous situe dans "son camp", ce ne sont pas d'abord les discours, les signes extérieurs, c'est LE VERRE D' EAU que 1'on donne. 

Par contre pour la moindre violence contre ces faibles et ces petits que chérit le Seigneur, il laisse soudain éclater sa colère dans un flot d'images excessives qui traduisent sa prédilection et combien ce qui les atteint injustement le frappe lui-même en plein coeur. La déréliction de toutes les victimes des scandales sans fin d'un monde impitoyable, Jésus voudra la partager jusqu'au bout, dans l'humiliation, la trahison, la torture, la mort et "la mort la croix" dira Saint Paul,la mort exposée et négligeable des esclaves. 

Le propos de Jésus sur le scandale rend désormais impossible au chrétien de rester les bras croisés, les yeux fermés, les oreilles sourdes et la bouche close devant la souffrance du monde. L'inaction, le silence, peuvent devenir complicité coupable quand nos yeux d'aveugles sont guéris, quand le doigt libérateur de Dieu a touché nos oreilles et sa salive déliée notre langue. Nous ne pouvons plus rester muets devant le scandale des malheurs du monde depuis que nous a été rendue la Parole. Tant pis, dit Jésus, s'il faut y perdre sa main, son pied ou son oeil , c'est-à-dire sa tranquillité, son confort, moral ou spirituel, et le charme d'aller bien quand tout va mal. 

De la chute d'un seul de ces petits où l'entraîne notre absence, notre indifférence ou cet orgueil qui leur ferme les portes de 1'espérance, nous sommes redevables. Que la rude stigmatisation du scandale que prononce Jésus vienne juste après le reproche d'intolérance et d'étroitesse de coeur qu'il adresse à ses disciples confirme bien que le plus grand scandale est de choisir comme critère d'appartenance au Royaume le rattachement formel plutôt que la charité. Voilà un grand chemin de conversion qui nous est aujourd'hui révélé.".

Père BLONDEAU

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