Evangile de
Jésus-Christ selon saint Luc (21,25-28,34-36)
"JESUS
PARLAIT À SES DISCIPLES de sa venue : «Il y aura des signes dans le soleil, la
lune et les étoiles. Sur terre, les nations seront affolées par le fracas de
la mer et de la tempête. Les hommes mourront de peur dans la crainte des
malheurs arrivant sur le monde, car les puissances des cieux seront ébranlées.
Alors on verra le Fils de l'homme venir dans la nuée, avec grande puissance et
grande gloire. Quand ces événements commenceront, redressez-vous et relevez la
tête, car votre Rédemption approche «Tenez-vous sur vos gardes, de crainte
que votre coeur ne s'alourdisse dans la débauche, l'ivrognerie et les soucis de
la vie, et que ce jour-là ne tombe sur vous à 1'improviste. Comme un filet, il
s'abattra sur tous les hommes de la terre. Restez éveillés et priez en tout
temps: ainsi vous serez jugés dignes d'échapper à tout ce qui doit arriver,
et de paraître debout devant le Fils de l'homme.»"...
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UNE
LUMIERE LÀ-BAS .
"L'Evangile parle de
catastrophes en termes imagés, en formules conventionnelles, stéréotypées,
et non pas réalistes. C'est ce que l'on appelle le style
apocalyptique. C'est comme aujourd'hui quand on dit, par exemple,
qu'il pleut des cordes ou qu'il fait un soleil de plomb. Personne
ne s'attend à voir tomber autre chose que de l'eau ou qu'il fasse
une chaleur éventuellement caniculaire. Ceci dit, hélas, de nos
jours, comme de tous les jours et sûrement pour longtemps encore,
les catastrophes ne manquent pas, au point que l'on puisse en être
terrifié. Dans les guerres, les guérillas, les terrorismes, et
tout cela n'est jamais "propre", quoiqu'on en dise, il y
a ceux qui meurent de peur et ceux qui meurent tout court.
A New- York, au Liberia, à Jérusalem, en Tchétchénie,
en Turquie..., peut-être à nouveau à nos portes, un autre
Boulevard Saint Michel, une autre rue de Rennes, que faire dans la
terreur contemporaine? La tentation serait "la débauche, l'ignominie
et les soucis de la vie", - ce qui vous distrait au sens
pascalien du terme. Le monde est noir, l'avenir incertain, alors
buvons pour oublier, faisons la fête, que le bruit des flonflons
ou des décibels déchaînés de la Rave Partie couvre celui des
kamikazes qui s'explosent en semant la mort et des bulldozers qui écrasent
l'avenir. Les jeunes s'éclatent, comme ils disent, chez nous en
boite, en d'autres lieux à la dynamite.
Alors, aujourd'hui comme hier, au bout de l'Evangile
de ce premier dimanche d'Avent, une parole, soudain, retentit,
plus forte que les apocalyptiques fracas de toutes nos terreurs:
"Restez éveillés et priez en tout temps". Seule façon
de pouvoir échapper a ce qui doit arriver: qui pourra éviter
quand bien même sa vie réussirait à n'être que "luxe,
calme et volupté" la catastrophe finale qui aura nom
vieillesse, maladie, solitude, mort? Oui, veillez et priez pour échapper
à ce qui doit arriver. Y échapper non pas en fermant les yeux,
mais en les gardant au contraire bien ouverts pour voir, là-bas,
la petite lumière qui va percer les ténèbres du monde et lui
montrer un chemin d'espérance.
Oui, il nous est dit que nous pouvons paraître
debout devant le Fils de l'homme à condition de ne pas avoir
manqué les rendez- vous de l'histoire... du Salut! Le Dieu qui va
venir ne joue pas sur nos peurs mais sur notre vigilance, sur
notre désir, sur cette insatisfaction permanente qui nous fait
parcourir la vie sans jamais en être blasés, toujours tendus
vers plus, vigilants, disponibles pour une lumière, une espérance,
un avenir.
Le chrétien, pendant l'Avent, pressent le
bourgeon qui fait craquer et revivre la branche sèche. Ce
bourgeon c'est un petit enfant de rien du tout, un minuscule brin
de vie qui annonce que le printemps reviendra sur la terre gelée.
Courage! N'ayez pas peur ! Ouvrons grand les yeux. Ici, la, autour
de nos vies, proches de nos vies si nous savons les voir, i! y a déjà
des signes de cette renaissance. Bientôt, comme aux bergers qui
n'attendaient plus grand chose de la vie dans leur misère de
parias, un signe nous sera donné, vagissant, entouré de langes,
dans une crèche. La. plus minuscule des lumières peut toujours
percer les plus sombres ténèbres, à condition qu'il y ait un
regard pour la chercher, la trouver, s'en réjouir. La naissance
d'un enfant peut toujours être un signe d'espérance, quel père,
quelle mère n'en sont pas convaincus ?".
Père BLONDEAU |