Evangile de
Jésus-Christ selon saint Luc (3,
1-6)
"L'AN
QUINZE du règne de l'empereur Tibère, Ponce Pilate étant gouverneur de la Judée,
Hérode, prince de Galilée, son frère Philippe, prince du pays d'Iturée et de
Traconitide, Lysanias, prince d'Abilène, les grands prêtres étant Anne et Caïphe,
la parole de Dieu fut adressée dans le désert à Jean, fils de Zacharie. Il
parcourut toute la région du Jourdain; il proclamait un baptême de conversion
pour le pardon des péchés, comme il est écrit dans le livre du prophète Isaïe:
A travers le désert, une voix crie : Préparez le chemin du Seigneur,
aplanissez sa route. Tout ravin sera comblé, toute montagne et toute colline
seront abaissées; les passages tortueux deviendront droits; les routes déformées
seront aplanies; et tout homme verra le salut de Dieu."...
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JEAN
.
"Revoilà Jean. Le
compagnon de nos Avents. Le fils de Zacharie, qui à l'annonce de
sa naissance en avait eu la parole coupée. L 'enfant de vieux. Le
bourgeon imprévu perçant la croûte des vieilles terres
infertiles. L'homme du désert. Le prophète à demi nu, avec son
rude pagne en poils de chameau et sa ceinture de cuir. Avec son
franc-parler qui lui coûtera cher. Celui qui dans le ventre de sa
mère commençait déjà à s'agiter comme pour annoncer qu'il allait
se passer quelque chose d'inattendu. Il est vrai que ce jour là,
dans le ventre d'en face d'une mère toute essoufflée encore d'un
départ précipité, un mystérieux cousin, lui aussi, attendait
son heure. Et puis, ce mangeur de sauterelles et de miel sauvage,
c'est le patron de notre paroisse, de notre ville, et même, en discrète
concurrence avec les Julie et Eulalie de la vieille cathédrale
d'Elne, de notre diocèse.
C'est avec lui que nous marchons vers Noël. Il
est le prédicateur habituel de ce temps mystérieux où, au plus
long de la nuit, quand à nouveau vont grandir les jours avec le
soleil qui monte, une discrète lumière, soudain, vient percer
nos ténèbres. Et Dieu sait si les ténèbres sont épaisses en
cette fin d'année qui fut celle de beaucoup de malheurs dont un
des pires fut l'horreur de la guerre. Une fois encore, l'an 2003
du règne de la violence, de l'injustice et du terrorisme, tant de
Présidents étant gouverneurs de tant d'Etat sur la planète, les
grands prêtres de l'illusion et des fausses promesses étant
toujours là, où, malgré tout la Parole de Dieu continue à
s'adresser à Jean aujourd'hui.
Et Jean continue, cette Parole toujours
vivante, à la proclamer dans nos régions. Il proclame un baptême,
puisqu'il est le Baptiste, un baptême de conversion pour le
pardon des péchés. Voila, c'est clair, si nous voulions savoir
ce qu'est l'Avent, c'est d'abord entendre cette voix qui crie dans
nos déserts.
Ce baptême-là, pour nous faire changer de
route, c'est l'étymologie de la conversion, requiert effectivement
un vrai chantier de terrassier tant le paysage est tourmenté, le
péché ça prend de la place. Il faut aplanir, combler les
ravins, raser montagnes et collines, c 'est encore plus dur que la
voie du TGV qui a tant de mal à percer nos Pyrénées! Dans le
paysage de nos vies, Il y a encore beaucoup de tortueux à redresser,
beaucoup de déformé à aplanir.
Cette belle route droite et bien roulante que
dit le baptême de Jean, elle est pour aller le plus vite
possible, là ni radar ni alcooltest vers le coeur de nos frères
puisque le Cousin du prophète, quand il sera grand et qu'il aura été
montré du doigt par son Précurseur, dira que pour le visiter, le
soigner, l'habiller, l'accueillir, en un mot pour t'aimer, c'est
par ces frères là qu'il faut passer. Alors nous voulons arriver
un jour, bientôt, jusqu'à l'enfant de la crèche, nous
connaissons maintenant le chemin. Il ne reste plus qu 'à nous
mettre en marche, sans plus tarder. Bon courage! Bonne route!".
Père BLONDEAU |