Responsables
de nos talents.
"La propriété privée est devenue un fait universel. A part quelques
îlots de vie communautaire comme les monastères et des groupes, ici et
là, plus ou moins utopistes, chacun serre fort ses points sur
ce qu'il possède, peu ou beaucoup, comme s'il le tenait pour
l'éternité, comme si rien ni personne ne devait le lui
ôter un jour, et l'appel à l'éventualité de la nécessité d'un partage, d'une
dépossession est hargneusement rejetée par tous. C'est la civilisation
des droits acquis oubliant peut-être celle des devoirs de la solidarité. Il
n'y a qu'à voir l'échec quasi général de la simple perspective d'un
partage du travail qui permettrait que ceux qui ne possèdent rien puissent posséder au
moins le minimum pour vivre. Mais partager c'est avoir un peu
moins, alors...
Et voilà que l'Évangile vient une fois de plus, tout remettre en question en nous rappelant
que sur cette terre nous ne sommes que des gérants. Actifs, inventifs. indispensables
peut-être mais des gérants. Pas plus. Nous ne sommes pas propriétaires
des biens dont nous jouissons ou que nous faisons fructifier. Nous
les avons pour les faire servir au Royaume de Dieu. Cela a d'immenses
conséquences, soit que nous nous installions dans l'égoïste
jouissance de ce que nous possédons, soit que nous demeurions inactifs et laissons
improductives nos richesses matérielles, mentales, morales,
intellectuelles, spirituelles même, que nous ne possédons en réalité
que pour les faire fructifier au service des hommes, des communautés
dont nous sommes solidaires en y étant enracinés.
Cela interpelle aussi bien l'écolier paresseux, le travailleur indélicat
qui se contente du moindre effort, le chef d'entreprise dont
l'incompétence conduit à des vagues de licenciements. le croyant
qui ne prie pas assez, que l'avare qui serre dans ses doigts crochus
des biens qu'il devrait partager. Oui, le monde nous est confié sans
mode d'emploi et le silence de Dieu est là pour nous sauver de la
magie et nous rendre responsables. Nos avoirs, nos tâches, nos responsabilités ne
sont pas de simples propriétés ou de simples occupations elles
sont, comme nous le rappelle l'Évangile, un devoir, une mission,
l'appel à un service de nos frères et en définitive te lieu privilégié
de notre relation à Dieu et de notre fidélité à son appel. .
Ne soyons donc pas chrétiens "dans les nuages" comme si les biens de la terre et les devoirs qui
s'y rattachent n'avaient rien à voir avec la vérité de notre vie
chrétienne, de notre toi, de notre espérance".
Père BLONDEAU.
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