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Attente et désir  
(le 27 - 11 - 05 ) - -Père J-B Blondeau

Responsables de nos talents.

"Nous vivons en permanence dans l'attente. Qu'attendons-nous? La visite d'un ami. Le résultat d'un examen, universitaire ou médical. Le salaire pour une fin de mois difficile. La naissance d'un enfant. Le facteur et la lettre espérée. Une réunion à venir. Un voyage que l'on prépare. L'heure du repas. La fin d'un chantier. Une réconciliation au bout d'un trop long ressentiment. Une grâce du ciel. La guérison d'un enfant, d'un proche, ou la sienne... La liste pourrait s'allonger à l'infini. Chacun a ses propres attentes. Nous les connaissons. Et nous seuls les plus secrètes, les plus inavouables parfois. Sans cesse le flux de notre vie qui s'écoule inexorablement s'appuie sur ce ressort de l'existence, jusqu'à notre dernier souffle dont on attend encore qu'il ne soit que l'avant dernier. Et puis il y a ces mystérieuses attentes, souvent plus confuses, attente d'un monde meilleur, que la guerre finisse, que les hommes politiques qui façonnent notre quotidien s'intéressent à autre chose qu'aux vaines gloires de leur propre carrière, que les banlieues cessent d'être des ghettos, que le chômage diminue, attente d'un paradis, terrestre le plus souvent, parfois aussi attente d'un monde meilleur au-delà de ce monde, et l'attente de cet ailleurs est souvent la seule espérance qu'il nous reste. On pourrait vraiment dire que le propre de l'homme est d'être en attente. L'attente est une dimension permanente de la vie, une vie comme aspirée par un achèvement indéfiniment retardé et qui relance sans cesse le désir .

Car vivre, c'est désirer. L'enfant désire devenir un homme. Dans le cas contraire, qui de nos jours n'est malheureusement pas rare, on considère même que c'est une pathologie de l'être. Dans ce moment où attente et désir se conjuguent, nous découvrons le provisoire du présent où l'on est, l'insatisfaction permanente du déjà-là. L'enfant devenu homme ne vit vraiment que s'il a un avenir. Cela pourrait expliquer la désespérance incendiaire de ceux qui pensent n'en avoir aucun et qui, hélas, se trouvent souvent dans une situation bien proche de cet enfermement dans un présent désespérant. Plus de porte pour franchir les hauts murs des cités et de leurs no man's land.

L'Avent c'est cette attente relancée au-delà de toute attente. C'est le renversement de cette immobilité désespérée qui est passage funeste de la vie à la mort. C'est la fin de nuit des morts vivants, morts car privés d'espérance et ne pouvant plus rien désirer, ou morts encore car tellement gavés que l'on ne peut plus avancer tant l'horizon est encombré, tels ces enfants gâtés auxquels on ne sait plus quoi offrir car on ne sait plus ce dont ils ont envie et dont on pourrait craindre qu'ils n'aient plus envie de rien du tout, qu'ils n'attendent plus rien. L'Avent, c'est le contraire, c'est passer de la mort à la vie en relançant l'attente et le désir moyennant une entrée dans le désert où nous attend Jean-Baptiste et où il va nous inviter à un "dégraissage" décisif. C'est redécouvrir que vivre c'est désirer et que rien de ce que nous possédons n'est capable de combler ce désir toujours renaissant, rien de ce que nous procurent les satisfactions indécises de nos attentes jamais satisfaites, jamais satisfaisantes. C'est découvrir que l'on ne peut tenir vraiment qu'en gardant les mains ouvertes et tendues sans jamais les refermer sur quoi que ce soit, sur qui que ce soit, sous peine de tout perdre, comme un sable fuyant ou comme une eau qui coule.

L'Avent, pour le chrétien, c'est redécouvrir une Parole qui annonce une Présence et dit une espérance qui serait illusion si nous pensions la posséder tranquillement, une fois pour toutes, parce que nous sommes baptisés, parce que nous sommes "pratiquants". C'est comprendre que l'absence de Dieu ne dit pas son inexistence mais vient au contraire le révéler comme celui qui creuse en nous ce désir de rencontre dont il nous faut redécouvrir les chemins. Ces chemins, l'Évangile nous les montre si nous l'ouvrons et lui faisons confiance, cet autre nom de la foi, il nous les montre non comme une possession tranquille mais comme un chemin à parcourir, une quête permanente, une conversion permanente.

Voilà pourquoi l'Évangile du premier dimanche de l'Avent nous dit et nous redit: "Veillez!". N'endormez pas vos désirs dans les satisfactions fragiles. Le Baptiste que nous allons souvent entendre au long de ces semaines répètera "Convertissez-vous !", c'est-à-dire changez de route, quittez vos impasses. Quelqu'un vient qui est déjà venu, mais que vous ne pourrez rencontrer qu'en relançant votre désir, votre attente, votre foi. Alors il vous révèlera peu à peu, au cœur même de ce désir sans cesse relancé, quelle plénitude vous pouvez espérer, là-bas à l'horizon d'un infini qui commence ici et maintenant. Et la surprise sera de découvrir que cet infini a la visage de l'homme depuis qu'il est entré un jour en ce monde dans la pauvreté et la fragilité d'une Naissance".

Père BLONDEAU.

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Vers : Le 08-01-06 L'Ephiphanie

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